Les Switchs
Tactile ou linéaire, silencieux ou clicky
C'est LA question obscure que se pose tout premier acheteur de clavier mécanique, notamment ceux pourvu de switchs Cherry MX : quelle couleur de switch choisir ? On distingue principalement deux types de switchs , linéaires et tactiles ; et parmi ces derniers, certains sont silencieux, certains sont clicky — tous les linéaires étant silencieux.
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Switchs linéaires.
Les switchs linéaires sont nommés ainsi en raison de la sensation produite : lorsque la touche s'enfonce de haut en bas, la sensation de frappe n'est affectée que par la force du ressort (sa résistance) qui augmente graduellement, autrement dit de façon linéaire (plus le ressort est compressé, plus il est dur). Cette augmentation est néanmoins subtile, à tel point que les fabricants de switchs ne fournissent qu'un chiffre (et non pas une plage) pour quantifier cette résistance ; vous ne risquez donc pas de trouver qu'un switch linéaire devient "trop dur en bout de course" : il sera soit trop dur tout court, soit trop souple, soit d'une dureté convenable.
Chez Cherry, les switchs linéaires sont le MX Red et le MX Black ; le Red offre une résistance faible (et donc un toucher léger), mesurée à 45 cN, le Black une résistance moyenne, de 60 cN. En comparaison, un clavier à dômes chiclet typique offre une résistance de ~55 cN, et un buckling spring d'IBM autour de 90 cN.
Leur fonctionnement est représenté ainsi :
On notera que la partie colorée qui glisse contre le contact en métal (le slider, au-dessus duquel est fixée la touche) est lisse ; c'est la forme de ce slider associée à la résistance du ressort qui détermine le feeling du switch.
Switchs tactiles.
Les switchs tactiles, sont quasiment similaires, à l'exception de la forme du slider : une bosse y est présente, ce qui produit lors de la frappe une augmentation de la résistance à mi-course. C'est ce qu'on appelle le "retour tactile" ("feedback", ou encore "bump" ). Ce retour tactile ne produit pas de bruit supplémentaire par rapport à un switch linéaire : il permet de sentir au toucher le milieu de la course, c'est à dire le point où la frappe a été prise en compte. C'est la raison pour laquelle il est plus facile d'avoir une frappe légère avec un switch tactile (le switch nous fait sentir le point au-delà duquel il n'est plus nécessaire d'appuyer), et que l'on recommande plus généralement (par facilité) ce type de switch à ceux qui écrivent beaucoup.
Cherry produit principalement deux switchs de type tactile (trois si l'on compte le Blue qui est un cas à part décrit plus loin) : le MX Brown et le MX Clear, le premier étant le seul disponible en masse dans nos contrées. Le Brown a un ressort de 45 cN (identique au Red) et un bump tactile léger, le Clear a un ressort de 55 cN et un bump tactile plus prononcé.
Switch à clic.
Les switchs clicky sont des switchs tactiles dont le slider est en deux parties, et dont la partie mobile va au moment de l'actuation glisser vers le bas et heurter le fond du switch, produisant ainsi ce "clic" caractéristique. Le retour tactile est donc doublé d'un retour sonore.
Le switch clicky de chez Cherry le plus courant est le MX Blue. Le MX Green en est une version plus dure et plus rare. Le Blue a un ressort de 55 cN, le Green un ressort de 80 cN, ce qui en fait l'un des switchs les plus durs du fabricant et lui confère une sensation de frappe se rapprochant du Buckling Spring, malgré le fait que son slider soit identique au Blue.
Il faut noter que ces switchs clicky sont affectés par un phénomène d'hystérésis assez prononcé : après avoir appuyé sur un switch, il faut remonter bien au-dessus du point d'actuation pour qu'une frappe puisse à nouveau être prise en compte. C'est ce qui conduit certains utilisateurs à les déconseiller pour le jeu, où il est parfois intéressant de spammer une touche en "flottant" autour du point d'actuation (répéter un appui très vite sans remonter jusqu'en haut). Ceux qui ont l'habitude de laisser la touche remonter complètement avant d'appuyer à nouveau ne seront cependant pas gênés par ce phénomène.
Les copies de switchs Cherry
Comme tout produit ayant du succès, les switchs Cherry MX ont été copiés et sont notamment reproduits par le chinois Kailhua — ils ne sont pas les seuls (on trouve aussi Greetech, qui équipe les derniers claviers Das, Gateron ou encore Gaote) mais ce sont actuellement les copies les plus répandues. Si, en absence d'un accord de licence et malgré l'expiration du brevet de Cherry, ces fabricants n'ont pas la possibilité d'utiliser le nom Cherry MX dans leur littérature, ils tirent néanmoins parti de la compatibilité parfaite de leurs copies avec les switchs d'origine pour profiter de l'écosystème Cherry (design de PCB, touches, et surtout utilisateurs...) et proposer aux fabricants de clavier une alternative aux MX.
Certains fabricants de claviers ont l'honnêteté de faire apparaître le nom du fabricant de switch dans leurs fiches techniques (l'acheteur peut donc choisir en connaissance de cause), mais d'autre font preuve de moins d'honnêteté et vont parfois jusqu'à vanter un switch développé spécifiquement par eux-mêmes alors qu'ils utilisent en fait des copies (on peut citer Razer, dont les switches "maison" ont longtemps porté le logo de Kailh avant d'être fabriqués par Greetech). La pratique est d'autant moins excusable que le prix de ces claviers équipés de switchs copiés est souvent plus élevé que ceux équipés d'authentiques switchs Cherry, le marketing soutenant cette hausse des prix.
Mise à jour 2018 : poussé par les exigences des utilisateurs, le marché a évolué très vite ces dernières années, à tel point que si Cherry a longtemps été le fabricant de switch favori des enthusiasts de nombreuses nouveautés ont été introduites par des fabricants tiers ; si Gateron est toujours apprécié comme alternative à Cherry du fait de ses prix moins élevés et ses sliders au plastique plus lisse conférant une frappe (très légèrement) plus douce, c'est à l'heure actuelle Kailh, initialement connu pour ses copies médiocres de Cherry, qui propose le plus d'innovations, notamment avec ses switchs "Box" (dont la forme du slider limite le léger mouvement latéral des touches) et un nouveau mécanisme d'actuation qui produit un "clic" différent des MX Blue de Cherry. Par ailleurs, certaines communautés ou vendeurs font produire des switchs selon des spécifications particulières (on peut citer les séries Halo/Hako d'Input:Club) ce qui augmente considérablement la complexité de l'offre.
Pour un aperçu plus complet (et de riches descriptions techniques) en anglais, voir le guide détaillé d'Input:Club : https://input.club/the-comparative-guide-to-mechanical-switches/
Le Buckling Spring d'IBM
Introduit sur le Model F en 1982, le switch à buckling spring d'IBM fonctionnait à l'origine avec des contacts capacitifs, avant d'être rapidement décliné sur le Model M qui remplace ceux-ci par une membrane lui permettant d'être plus compact et moins cher. Le Model M sera produit jusqu'en 1990. De divisions en rachats (la division périphériques d'IBM devient Lexmark en 1991, qui cesse de produire le clavier en 1996), la maintenance des vieux claviers IBM et Lexmark est aujourd'hui assurée par Unicomp, fondée par Neil Muyskens qui a racheté les brevets et l'appareil de production à Lexmark, et qui vend aujourd'hui des claviers à buckling spring sous cette enseigne.
Le switch à buckling spring utilise un ressort compressé qui, lorsque la touche est suffisamment enfoncée, ferme un contact placé au-dessus d'une membrane (sur le Model M et dérivés) et vient heurter l'intérieur de l'enveloppe du switch, ce qui produit son clic caractéristique :
Il s'agit donc d'un switch tactile clicky dont la sensation de frappe est unique, ce qui fait qu'il est encore très apprécié par ceux que son bruit n'incommode pas et qui apprécient un switch plutôt dur (autour de 90 cN).
Pour plus de détails, vous pouvez consulter l'article dédié sur le wiki de deskthority.
Le switch Topre
Les switchs Topre sont de type électro-capacitifs à dôme caoutchouc : au-dessus des traces de cuivre du pcb sont placés des ressorts recouverts de dômes caoutchouc enfoncés par les touches ; c'est la variation de la capacité électrique du circuit induite par la compression du ressort métallique qui active la frappe. Il s'agit donc de switchs sans contact. Le ressort est très souple et ne sert qu'à faire varier la capacité du circuit, l'essentiel de la résistance est fournie par le dôme en caoutchouc qui procure une frappe tactile, le point de résistance (bump) se trouvant au début de la frappe, plus haut donc que sur les MX tactiles. Une fois ce point dépassé le switch donne l'impression de s'enfoncer tout seul, ce qui procure une frappe sans fatigue, contrairement aux dômes caoutchouc classiques. La frappe produit un "thock" sonore souvent apprécié, mais le switch Topre existe aussi en version silencieuse. La dureté de ces switchs peut varier de 35 cN à 55 cN.
Source Topre.
Plus de détails sur le wiki de deskthority.
Les switchs Alps & Matias
La société Alps a produit de nombreux types de switchs pour claviers depuis 1983, notamment les complicated Alps (séries SKCL, linéaires, et SKCM, tactiles & clicky) puis les simplified Alps (SBKL linéaires et SKBM tactiles & clicky) à partir de 1996. A l'instar des Cherry MX, ils conservent la même taille et la même fixation pour les touches malgré un nombre important de variantes. Ils ont été utilisés notamment sur les claviers Apple, Dell ou Acer.
Suite à l'arrêt de la production de ces switchs en 2012, le fabricant de claviers Matias a mis au point un clone des Alps SKBM (dénommé simplement Matias switch) en version linéaire, clicky et tactile pour pouvoir continuer de les utiliser sur ses claviers. Ils sont compatibles avec l'ensemble des touches Alps produites depuis les années 80.
Les switchs Omron
Plus connu pour ses microswitchs, Omron fabrique également des switchs pour claviers depuis la fin des années 80, notamment des copies d'Alps (série B3G-S). Une collaboration avec Logitech, a été l'occasion de concevoir un nouveau switch, le Romer-G initialement proposé uniquement dans sa variante tactile, avec un point d'actuation à 1.5 mm (0.5 mm plus haut que les Cherry MX, sur lesquels il se situe à 2 mm), ce qui l'apparente à un MX Brown avec un bump tactile un peu plus haut. Sa conception permet de laisser passer la lumière des LEDs de rétroéclairage au centre du keycap (et non à sa périphérie comme sur les MX).
Une variante linéaire a par la suite été introduite, toujours en exclusivité sur les claviers Logitech. Plus de détails sur le site du constructeur : https://www.logitechg.com/en-us/inn [...] tches.html (le GX Blue montré sur cette page est une copie du Cherry MX Blue qui ne partage pas la conception des Romer-G).
Le Romer-G dispose d'une monture propriétaire et ne permet donc pas d'accueillir des touches prévues pour d'autres familles de switchs, ce qui empêche de remplacer celles fournies avec le clavier et de profiter du riche écosystème Cherry.