Revenus à la mode ces dernières années, notamment à l'aide d'un discours marketing adressé aux joueurs, les claviers mécaniques sont loin d'être une nouveauté : si le buckling spring d'IBM fait figure d'ancêtre (Model F en 1981, Model M en 1984), Cherry produit les très populaires switchs MX depuis 1983. En dépit de leurs qualités, le prix de ces claviers a conduit à leur remplacement par les claviers à membranes et dômes caoutchouc bien moins chers — une régression sur bien des plans, comme si l'on remplaçait aujourd'hui nos souris optiques par leurs ancêtres à boule.

Pourquoi un clavier mécanique ?

Le principal défaut d'un clavier à dômes caoutchouc tient à son fonctionnement : comme la touche est maintenue en position haute par le dôme et que le contact n'est établi (et donc la frappe prise en compte) que lorsque celui-ci s'écrase sur la membrane, il faut appuyer relativement fort pour que la touche descende : la frappe est donc fatigante à la longue car résistante et brusque, en plus d'être souvent bruyante — comme le dôme s'écrase, la touche produit un "clac" plus ou moins sonore en arrivant en butée, tandis que la frappe est amortie de façon pâteuse.

Ces défauts sont partiellement atténués par les interrupteurs à ciseaux, que l'on trouve sur certains claviers à dômes dits haut de gamme : le mécanisme de ciseaux et des dômes moins durs peuvent rendre la frappe plus souple et moins bruyante, mais il est toujours nécessaire d'appuyer à fond pour que la frappe soit prise en compte ; ceci ajouté à la faible course de la touche (environ 2 mm) participe à rendre la frappe fatigante à la longue.

Particularités et avantages du mécanique

Les claviers mécaniques ont un fonctionnement différent : en lieu et place d'un dôme en caoutchouc qui s’affaisse d'un coup, on trouve sous chaque touche un interrupteur (switch) à la course progressive. Si la course de la touche est similaire (en général autour de 4mm avec quelques variations suivant le type de switch), l'actuation (le stade où la frappe est prise en compte) se produit environ à mi-course ; et comme la résistance de la touche est assurée par un ressort souple, il est tout à fait possible de ne l'enfoncer qu'à moitié, ce qui rend la frappe bien plus légère (et potentiellement silencieuse, lorsque le switch n'émet pas de "clic" mécanique).

Le bruit, une critique infondée ?

Une critique récurrente faite aux claviers mécaniques concerne leur bruit : un clavier mécanique serait foncièrement plus bruyant qu'un clavier à dômes. Il faut en fait distinguer deux sources de bruit dans le fonctionnement d'un clavier mécanique :

Le "clic" ne se produit qu'avec les switchs dits "clicky", comme le MX Blue, le MX Green ou le Buckling Spring. Le "clac" ne se produit que si l'utilisateur tape fort et enfonce ses touches à fond (bottom out). Comme un utilisateur de clavier à dômes a l'habitude de taper de cette manière, cette habitude fera qu'il n'utilisera pas son premier clavier mécanique différemment et produira donc ce "clac" caractéristique lors de la frappe, sans tirer parti des caractéristiques citées ci-dessus (course plus souple, actuation à mi-course). S'il paraît dans un premier temps contre-intuitif d'utiliser son clavier en n'appuyant sur les touches qu'"à moitié", il est tout à fait possible avec un peu d'habitude de modifier sa façon de taper pour avoir une frappe plus légère, plus souple et moins fatigante, et par conséquent moins bruyante.

On notera qu'il est plus aisé de taper de cette façon lorsqu'on dispose d'une technique de frappe un minimum évoluée : taper avec dix doigts permet sans y prêter une attentions particulière d'avoir une frappe plus économe et moins bruyante que taper à quatre ou cinq doigts (les doigts ont moins besoin de bouger, leur mouvement a moins d'amplitude et requiert moins de force). Quelques sessions sur un site gratuit de formation (par exemple http://www.typing.com/) permettent de prendre de bonnes habitudes en quelques semaines ; le quart d'heure quotidien à y consacrer en vaut largement la peine, pour tout type d'utilisateur.

Reste la frappe en jeu, où on aura souvent tendance à appuyer à fond. Dans ce cas, si le bruit des touches est réellement gênant pour l'entourage (il pose rarement problème au joueur lui-même), plusieurs solutions existent :

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